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Française en Amérique
Publiée par André Leroux Membre de la Société généalogique canadienne-française. janvier 2018

Famille Martineau
Louis Martineau
Le fils de Jean Martineau et de Mathurine Bonne a été baptisé
le dimanche 25 août 1624 à Saint-Savinien, localité aujourd'hui appartenant à l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angely, département de la Charente-Maritime, territoire de la Saintonge.
Cette commune, sise sur la rive droite de la Charente, possède d'importantes carrières de pierre de taille et un port fluvial où
des navires de plus de 200 tonneaux peuvent accoster à ses quais.
Les immigrants de la Nouvelle-France arrivaient ici aux alentours de la vingtaine. Louis avait plus de 30 ans lorsqu'il prit la décision d'émigrer au Nouveau Monde. Le mardi 11 avril 1656,
il est à La Rochelle, chez le notaire Cherbonnier, pour accepter
un contrat d'engagement d'une durée de tois ans
pour la région de Québec.
Engageur: François Péron.
Rémunération promise: 75 livres annuelles.
Métier déclaré de l'engagé: Laboureur.
A l'étude du notaire, Louis Martineau déclare avoir 27 ans d'âge.
La mémoire est une faculté qui oublie ou veut oublier!
Louis reçoit 35 livres d'avance.
François Péron avait averti les passagers de se tenir prêts et que
le lieu d'embarquement serait à l'Ile de Ré, paroisse Saint-Martin.
Le 30 avril suivant, 19 jours plus tard, le voilier d'une capacité
de 150 tonneaux, Le Taureau, pointe sa proue vers l'Océan Atlantique. Elie Tadourneau, propriétaire du bateau
pour un quart, en est le capitaine.
Au printemps de 1656, à la Rochelle, 61 hommes ont déclaré vouloir passer en Nouvelle-France. Ils ne sont pas tous venus.
Trois navires se présentent à la rade de Québec, cette année-là:
Le René, La Fortune et le Taureau.
Le Taureau jette l'ancre à Québec le 15 juin 1656,
après une traversée d'un mois et demi.
Après quatre ans de silence, le 20 novembre 1660, Louis obtient
de Charles de Lauzon une terre de deux arpents de front
à l'Ile d'Orléans, côté nord, territoire de la future paroisse
de Sainte-Famille, et située entre les nouveaux concessionnaires Jean Prémont et la propriété de feu Pierre Brincosté ou Bringodin, tué par les Iroquois depuis le 31 juillet. La profondeur
de la terre octroyée à Louis est d'environ 67 1/2 arpents.
Le colon se retrouve donc au milieu d'un terrain vierge depuis
le commencement du monde, d'une petite forêt à maîtriser,
à convertir en terre civilisée et labourable. Louis commence
par faire une trouée dans son bois, à faire apparaître un désert
pour fixer sa maison de pièce sur pièce, avant de jeter entre
les souches sa première semence de blé. Il lui faut le courage
des pionniers, celui des fondateurs d'un pays neuf.
Dès le 24 janvier 1661, un nouveau voisin, Gervais Rochon,
prend la place de celui disparu tragiquement.
Enfin, en 1663. Louis, 39 ans, après sept longues années
en Nouvelle-France, juge qu'il est grand temps de fonder son foyer. A Château-Richer, vit probablement chez Guillau-me Thibault,
une femme âgée d'environ 22 ans et appelée Madeleine Marecot,
fille de Mathurin et de Marie Renaudeau, originaire du
bourg de Lalleu, non loin de la Rochelle en Aunis.
L'histoire de Madeleine ne manque pas d'intérêt. Ses père et mère s'étaient mariés à Sainte-Marguerite de La Rochelle,
le 15 septembre 1631. Son père Mathurin Malesco (Marecot)
a vécu en 1649 comme laboureur à Rompsay, paroisse
Notre-Dame-de-Cogne de La Rochelle, à Lalleu en 1671
puis à Saint-Martin-de-Sansay, au Poitou. Les parents de
Mathurin se nomment Benoit et Nicole Jamin;
ceux de Marie Renaudeau: Mathurin Renaudeau
et Toussaine Brossard, de Notre-Dame-de-Cogne.
Louis Martineau et Madeleine se sont connus au hasard
des rencontres. Le 1er mars 1663, dimanche, le notaire
Claude Auber, à Château-Richer, se dit prêt à rédiger leur contrat
de mariage. Appuient la future épouse, Guillaume Thibault,
Jean Plante et François Gariépy, habitants de la Côte de Beaupré. Sont venus pour encourager Louis, le voisin Jean Prémont
et Charles Gauthier, sieur de Boisverdun. Louis offre un douaire
de 300 livres. L'on convient d'un préciput de 100 livres.
Signe avec le notaire Auber, Nicolas Huot, sieur de Saint-Laurent.
Lundi 9 avril 1663, le missionnaire Thomas Morel, à l'église
de Château-Richer, les a conjoints en présence de Cauchon,
Jean Prémont, Claude Auber et Jean Plante.
Le couple s'installe donc à l'Ile d'Orléans où nous le retrouvons
aux recensements de 1666 et 1667; il possède trois bêtes à cornes
et 9 arpents de terre mis en valeur. Les voisins sont Jean Prémont
et Jean Royer.
Louis et Marguerite ont écoulé tous leurs jours sur l'Ile d'Orléans, encerclés par le fleuve qui offrait ses poissons abondants et délicieux, ses oiseaux migrateurs et les voiles blanches de ses bateaux
après chaque saison des glaces.
Les Martineau pensent un jour qu'il serait avantageux de posséder une ferme plus grande. L'occasion leur est offerte, le 9 novembre 1674, par AbelTurcot. Celui-ci est le propriétaire d'une terre située dans la future paroisse de Saint-François, côté du chenal du nord, vis-à-vis Sainte-Anne du Petit-Cap, et possédant quatre arpents
de front. Elle avait d'abord été concédée par Barbe de Boulogne, épouse du gouverneur Louis d'Ailleboust, à Jean Levasseur,
le 17 août 1658.
Dix ans plus tard, soit le 2 mars 1668, Abel Turcot s'en porte acquéreur. Enfin, celui-ci, le 9 novembre 1674, consent à l'échanger contre celle de Louis Martineau, habitant de Sainte-Famille.
Ainsi, au recensement de 1681, les Martineau vivent à
Saint-François, entre les dignes voisins Vincent Chrétien
et Germain Lepage, père du futur seigneur de Rimouski.
Leurs 20 arpents de terre en culture produisent des céréales,
des légumes et assez de fourrage pour nourrir 10 bêtes à cornes.
Lorsque le notaire Paul Vachon dresse le procès-verbal du grand chemin d'Argentenay, Louis Martineau est mentionné comme habitant du côté du nord. Il en fut ainsi lorsque Robert de Villeneuve, ingénieur du roi, fait la carte de l'Ile en 1689.
Par une quittance signée Chambalon le 29 octobre 1694.
nous apprenons que Madeleine Marecot avait déjà prêté à
Jean de Lestage, marchand demeurant en cette ville, la somme de
35 livres. Les Martineau ont donc joui d'une modeste
aisance à l'époque.
La famille de Louis et Madeleine est l'une des moins nombreuses
de son temps. Jean, Elisabeth et Pierre sont les seuls
membres de cette martine.
L'aîné Jean, né le 24 juillet 1664 à l'Ile d'Orléans, a reçu le baptême de l'Abbé Morel le 27 juillet suivant, en présence des parrain
et marraine Jean Lehoux et Marie Perrot. Hélas! 15 jours plus tard, le corps de l'enfant est déposé dans le cimetière de Château-Richer.
Il ne reste donc qu'un seul porteur du flambeau de la vie Martineau, Pierre, né le 13 et baptisé le 14 avril 1669 à Sainte-Famille
par le missionnaire Morel. A Sainte-Famille, le 12 novembre 1691, Pierre unit sa vie à Marie Leblond, filles de Nicolas
et de Marguerite Leclerc. Pierre et Marie mettent au monde
13 enfants dont des jumelles. Hélas, neuf sont décédés
au berceau ou avant l'âge adulte.
Madeleine Marecot est décédée à l'Hôtel-Dieu de Québec,
le mercredi 17 septembre 1698. Louis lui survécut pendant plus
de 10 ans. Il s'éteignit à Saint-François,
à la fin du mois de mai 1709.